Escrito por Yaneck ChareyreSuivre publicado el 11/05/2021 en zoolemag.com
Moi, menteur (Mars 2021)
Éditeur: Denoël Graphic Scénario: Keko, Antonio Altarriba Collection: Denoël Graphic Genres: Roman Graphique Prix 21.90€
Note Zoo4.82
L’auteur espagnol Antonio Altarriba a su, en quelques romans graphiques, marquer les esprits, tant comme auteur complet que comme scénariste. Avec Moi, Menteur, il clôture sa Trilogie du moi dessinée par Keko chez Denoël Graphic. Celui qui vous ment? Un conseiller politique espagnol au réalisme glaçant.
Adrian Cuadrado est conseiller en communication pour le Parti Démocrate d’Espagne. Quels que soient les événements qui touchent le parti, c’est lui qui élabore les stratégies et les éléments de langage pour y répondre. Et quand ledit parti s’avère mêlé à de très nombreuses malversations, cela procure beaucoup de travail. Et oblige à plonger dans les pires bassesses.
La réalité comme matière première
Le Parti Démocrate, cela n’existe pas, en Espagne. Les deux principaux partis sont Le Parti Populaire et le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol. C’est la meilleure illustration de la distance prise par le scénariste avec l’Espagne réelle.
Mais il ne faut pas s’y tromper. Les détournements sont volontairement trop légers pour que l’on ne reconnaisse pas les tourments de la vie politique ibérique au travers de cette histoire. C’est la politique politicienne, que charge sans empathie pour elle Altarriba.
Une réalité que l’on espère romancée
De ce point de vue, le scénariste parvient à nous glacer le sang. On note par exemple une scène de négociation entre les dirigeants de l’Union Européenne et le pouvoir espagnol qui fait froid dans le dos. On espère ce genre de séquence inventée, car si elle était réelle, elle serait juste terrible du point de vue démocratique. Mais Antonio Altarriba aime à cultiver le flou entre réalité et récit. Alors à nous de nous demander pourquoi cela nous semble si réaliste.
Les visages du menteur
N’oublions pas que cette trilogie du moi suppose une analyse d’un caractère humain très particulier. Adrian, dans le cas présent, incarne donc le mensonge de la Communication, cette trahison de la vérité pour l’aménager et la rendre supportable. Il incarne aussi l’absence d’engagement de ces «techniciens» qui se déconnectent de la morale pour soutenir l’un ou l’autre camp et dire l’inverse de ce qu’ils avaient pu écrire auparavant. On sent en filigrane la vision politique du scénariste. Par l’individu, il parle en fait des comportements humains et des idéaux que ceux-ci pourraient chercher à défendre pour redonner du sens à leur vie citoyenne.
La noirceur jusque dans le dessin
Pour l’accompagner dans cette triple histoire dont tous les fils se nouent, Altarriba a travaillé avec le dessinateur Keko. Un artiste qui semble presque travailler au blanc sur papier noir, tant l’absence de couleur imprègne son travail. Un choix idéal pour accompagner la plongée dans trois âmes perdues, qui incarnent tout ce que l’humain peut aussi vouloir combattre.
Yo, mentiroso (marzo 2021)
Editor: Denoël Graphic Autores: Keko, Antonio Altarriba Colección: Denoël Graphic Género: Novela gráfica Precio 21.90€
Nota ZOO 4,82
El autor español Antonio Altarriba ha dejado huella en algunas novelas gráficas, tanto como autor completo como como guionista. Con Yo, mentiroso, cierra su “trilogía del yo” dibujada por Keko y editada por Denoël Graphic. ¿El que te miente? Un escalofriante realismo del consejero político español.
Adrian Cuadrado es asesor de comunicación del Partido Democrático de España. Cualesquiera que sean los acontecimientos que afecten al partido, son ellos quienes desarrollan las estrategias y el lenguaje para responder. Y cuando dicha parte está involucrada en muchas irregularidades, se trabaja mucho. Y te obliga a sumergirte en la peor bajeza.
La realidad como materia prima
No existe el Partido Demócrata en España. Los dos partidos principales son el Partido Popular y el Partido Socialista Obrero Español. Esta es la mejor ilustración de la distancia que ha tomado el guionista con la España real.
Pero no se equivoque al respecto. Las desviaciones son deliberadamente demasiado ligeras para que los tormentos de la vida política ibérica no sean reconocidos a través de esta historia. Esto es política política, que Altarriba acusa sin empatía por ella.
Una realidad que esperamos sea romantizada
Desde este punto de vista, el guionista consigue enfriarnos la sangre. Notamos, por ejemplo, un escenario de negociación entre los líderes de la Unión Europea y las autoridades españolas que te hace temblar la espalda. Esperamos este tipo de secuencia inventada, porque si fuera real, sería terrible desde un punto de vista democrático. Pero a Antonio Altarriba le gusta cultivar la vaguedad entre la realidad y la historia. Depende de nosotros preguntarnos por qué esto nos parece tan realista.
Los rostros del mentiroso
No olvidemos que esta “trilogía del yo” implica un análisis de un carácter humano muy particular. Adrian, en este caso, encarna por tanto la mentira de la Comunicación, esta traición a la verdad para desarrollarla y hacerla soportable. También encarna la falta de compromiso de estos “técnicos” que se desconectan de la moral para apoyar a uno u otro bando y decir lo contrario de lo que hayan escrito antes. Sentimos la visión política del guionista de fondo. A través del individuo, de hecho, habla sobre el comportamiento humano y los ideales que podrían buscar defender para dar sentido a su vida cívica.
Oscuridad incluso en el dibujo
Para acompañarlo en esta triple historia en la que se anudan todos los hilos, Altarriba trabajó con el diseñador Keko. Un artista que casi parece estar trabajando en blanco sobre papel negro, tanto la ausencia de color impregna su obra. Una opción ideal para acompañar la inmersión en tres almas perdidas, que encarnan todo lo que el humano puede querer luchar.