[La BD de la semaine] L’Aile brisée, d’Antonio Altarriba et Kim
Colin Bouchat. Focus Le Vif L’Express (Belgique) 21/04/16
Antonio Altarriba a attendu la mort de ses deux parents pour raconter leur histoire et, à travers elle, celle de l’Espagne du XXe siècle.
Alors que L’Art de voler, paru chez le même éditeur il y a quelques années(1), nous parlait de son père, L’Aile brisée se focalise aujourd’hui sur Petra, sa mère. Si le premier a traversé le siècle et plus particulièrement le putsch militaire de Franco, en opposant au régime, la deuxième a toujours affiché sa neutralité politique et une fervente foi catholique (en ces temps troublés, c’était précieux). Petra naît dans un petit village du centre de l’Espagne. Sa mère meurt en lui donnant naissance et la petite est sauvée par ses tantes qui la protègent de son père: fou de douleur, il veut la tuer. Dans la lutte qui s’ensuit, le bras du nouveau-né se brise. Mal soignée, elle en perdra l’usage, d’où le titre de l’ouvrage. Nous allons suivre son parcours dans une Espagne tour à tour royaliste, républicaine et sous le joug d’un despote illuminé. Altarriba met l’accent sur la condition des femmes peu ou pas éduquées. Petra n’ira jamais à l’école, elle devra s’occuper très vite de la tenue de la maison et de son père infirme lorsque sa soeur et ses frères s’en iront. La place de la religion est également omniprésente dans la vie quotidienne.