Escrita por Francine Vanhée publicada en laccrodesbulles.fr el 23 de abril de 2021

Perdu parmi la pléthore de bd qui viennent envahir les bacs des libraires chaque semaine, voilà un pavé dont on a peu entendu parler et qui bien que n’étant pas vraiment une nouveauté n’en est pas moins une œuvre majeure de la dernière décennie et mérite qu’on s’y arrête. L’épopée espagnole, ouvrage publié aux Éditions Denoël Graphic réunit en un seul volume L’art de voler et L’aile brisée précédemment parus chez ce même éditeur. A travers ces quelques 500 pages, Antonio Altarriba et Kim à qui il a confié la réalisation graphique nous invitent à parcourir quatre-vingt dix ans de l’histoire espagnole du siècle dernier à travers les yeux du père du scénariste, anarchiste épris de liberté qui a vu ses rêves voler en éclats puis ceux de sa mère, femme très pieuse qui a consacré sa vie au service des autres. Ce récit à deux voix est à la fois un bel hommage filial et un témoignage captivant et essentiel sur les secousses de l’Histoire et leurs répercussions sur un homme et une femme ayant vu le jour et grandi dans ces campagnes espagnoles où régnait une immense pauvreté.Pourquoi cette nouvelle édition ?S’il est un reproche que l’on pouvait faire à L’art de voler (2011) et L’aile brisée (2016), c’est leur petit format qui entraînait un manque de confort à la lecture de ces ouvrages au texte dense et aux illustrations extrêmement fouillées. Aussi, l’éditeur a-t-il profité du 10ème anniversaire de parution du premier opus pour sortir cette intégrale dans un format plus grand qui offre non seulement une meilleure lisibilité mais redonne également ses lettres de noblesse à l’objet livre en le dotant d’une élégante couverture cartonnée et d’un signet rouge. Cette intégrale qui reprend le contenu des 2 volumes, postfaces éclairantes de l’auteur comprises, est augmentée d’une préface de 7 pages de Viviane Alary, professeure des Universités, hispaniste et membre du Centre de Recherche sur les Littératures et la Sociopoétique de l’Université Blaise Pascal.De L’art de voler de son père à L’aile brisée de sa mèreAntonio Altarriba se définit lui même comme le « fils d’un anarchiste et d’une nonne ».4 mai 2001 Tout commence avec « l’envol » du père qui se jette du quatrième étage de sa maison de retraite. Cet évènement dramatique va amener son fils à retracer sa vie dans L’art de voler à partir de ses propres souvenirs ainsi que des quelques 200 pages noircies au plus profond de sa dépression qu’il lui a laissées. Envie de transmission des valeurs, luttes et espoirs déçus pour le père, désir de réhabilitation pour le fils, leurs voix vont se mêler dès les premières pages, le fils s’étant emparé du « je » du père pour décliner sur plus de 200 planches le destin de ce père à travers quatre chapitres de longueur inégale, depuis sa jeunesse dans cette Espagne rurale extrêmement rude jusqu’à sa fin de vie rongée par les désillusions et compromis dans une maison de retraite dont il « s’envolera » à l’âge de 90 ans. Entre les deux, il vivra la chute de la monarchie, la seconde république, la guerre civile aux côtés des républicains, la dictature de Franco, l’exil en France où il sera interné au camp de Saint-Cyprien durant la seconde guerre mondiale avant de s’évader et de rejoindre la résistance et puis, idéaux en berne, le retour en vaincu dans cette Espagne franquiste et sa vie « rangée » de père de famille. Le récit, outre certains passages métaphoriques et oniriques, est ponctué de petites touches de légèreté voire d’humour remarquablement mis en valeur par le dessin. Conscient après la remarque d’une lectrice que dans cette biographie consacrée à son père, il est très peu question de sa mère et que de plus, elle n’est pas présentée sous son meilleur jour, l’auteur décidera donc d’y remédier dans L’aile brisée qui reprendra la même structure que l’opus précédent, c’est à-dire après la mort en préambule, le récit de sa vie qui s’étalera sur quatre chapitres correspondant aux quatre hommes – et par eux aux quatre lieux – qui ont rythmé son existence : Damián (son père) Juan Bautista (le général Sánchez González, capitaine général d’Aragon puis de Catalogne chez qui elle fut gouvernante pendant 8 ans), Antonio (Sr et Jr, ses mari et fils) et Emilio. Il faut souligner que Pétra, très discrète ne parlait jamais d’elle même. Aussi, ayant peu d’informations, le fils a-t-il fictionnalisé sa vie à partir des témoignages de proches et en extrapolant à partir du contexte historique de l’époque, ce qui lui donne l’occasion d’explorer et exposer un pan méconnu de l’histoire espagnole, la résistance intérieure à Franco et la répression à travers la destinée du gouverneur militaire Sánchez González, monarchiste opposé au régime. Mais L’aile brisée, c’est avant tout un beau portrait de femme et à travers elle, celui de la condition féminine dans cette Espagne rurale arriérée, bigote où hommes et religion régnaient en maîtres. Elle a bien mal commencé dans la vie, la petite Pétra : violentée dès sa naissance par son père qui lui laissera cette aile brisée (handicap qu’aussi incroyable soit-il, elle cachera à son mari et fils et dont ils n’auront connaissance qu’à sa mort), rejetée parce ce même père violent avant d’en devenir la servante, elle passera du statut de fille au service de son père, à celui d’épouse au service de son mari, puis mère au service de sa famille avant la séparation du couple qui la conduira dans une maison de retraite religieuse où elle continuera à se rendre utile et où une belle rencontre lui apportera un peu de paix et de sérénité. Superbe ode au courage et à la dignité de cette femme qui malgré la dureté des épreuves traversées n’a jamais baissé les bras et toujours fait preuve d’une grande force de caractère.« Elle ne rêvait pas de grands envols ni de sillonner le ciel de part en part comme mon père. Plus modestement, avec son aile brisée, elle s’est bornée à sautiller de branche en branche. Peut-être est-elle ainsi arrivée plus loin. »L’art de conter d’Altarriba et l’art d’illustrer de KimNé en 1952 à Saragosse, ce professeur de littérature française à l’université du Pays basque est également écrivain, critique et scénariste de BD. On lui doit, avec Keko au pinceau, la fabuleuse trilogie du « Moi », pure fiction qui n’en est pas moins une critique de la société espagnole : Moi, assassin (2014) ayant pour cadre le milieu artistique, Moi, fou (2018) le milieu médico-pharmaceutique et Moi, menteur la sphère politique, dernier opus paru en même temps que L’épopée espagnole.Pour illustrer L’art de voler, il avait fait appel au Barcelonais Joaquim Aubert i Puig-Arnau, plus connu sous le nom de Kim. Grand amateur d’underground américain, co-fondateur en 1977 de la revue graphique satirique El Juéves (Le Jeudi), Kim est le créateur du personnage caricatural de Martinez El Facha (Martinez, le facho) nostalgique du Franquisme dont les aventures seront non seulement publiées dans l’hebdomadaire mais donneront naissance à plus d’une vingtaine d’albums. Le changement d’univers ne l’a pas empêché d’adhérer immédiatement au projet d’Antonio Altarriba, d’adapter pour cela son propre trait à ce style de narration et d’utiliser des procédés graphiques qu’il reprendra dans Un rêve d’ailleurs, album réalisé en solo paru en 2019 aux Éditions du Long Bec dans lequel il racontera sa propre jeunesse de travailleur espagnol émigré dans l’Allemagne des années 60.Usant d’un camaïeu de gris texturés, son trait semi-réaliste illustre avec sobriété et une extrême précision les différents espaces traversés et rend compte de l’énorme travail de documentation iconographique effectué en amont. Toutefois ce réalisme cède parfois la place à l’onirisme, insufflant un rythme au récit. Les personnages quant à eux sont très expressifs, parfois à la limite de la caricature. Les cadrages et découpage se font discrets, efficaces et sont entièrement au service de la narration.L’épopée espagnole, fresque magistrale relatant les heures les plus sombres de l’Espagne, bel hommage au courage et à la dignité des petites gens est, au même titre que Maus d’Art Spiegelman, l’un des classiques modernes de la bande dessinée mondiale que chacun se doit de posséder dans sa bédéthèque.
Perdido entre la plétora de bd que vienen a invadir las bandejas de los libreros cada semana, aquí hay un pavimento del que poco se ha oído hablar y que aunque no es realmente una novedad no es menos una obra mayor de la última década y merece que Paremos allí. La epopeya española, obra publicada en los Éditions Denoël Graphic reúne en un solo volumen El arte de volar y el ala rota anteriormente aparecida en este mismo editor. A través de estas pocas 500 páginas, Antonio Altarriba y Kim a quienes confió la realización gráfica nos invitan a recorrer ochenta diez años de la historia española del siglo pasado a través de los ojos del padre del guionista, anarquista amante de la libertad Quién vio volar sus sueños y luego los de su madre, mujer muy piadosa que dedicó su vida al servicio de otros. Este relato de dos voces es un hermoso homenaje filial y un testimonio cautivador y esencial sobre los sacudimientos de la historia y sus repercusiones en un hombre y una mujer que ha surgido y crecido en estas campañas españolas donde reina una inmensa pobreza.Por qué esta nueva edición?Si es un reproche que se podía hacer al arte de volar (2011) y el ala rota (2016), es su pequeño formato que provocaba una falta de confort para leer estas obras en el texto denso y con ilustraciones extremadamente registradas. Por lo tanto, el editor aprovechó el 10 o aniversario de publicación del primer opus para sacar esta íntegra en un formato más grande que no sólo ofrece una mejor legibilidad sino que también devuelve sus cartas de nobleza al objeto libro dotando de una manta elegante y un marcador rojo. Esta íntegra que recoge el contenido de los 2 volúmenes, postfaces iluminantes del autor, se incrementa en un prefacio de 7 páginas de Viviane Alary, profesora de Universidades, hispanista y miembro del Centro de Investigación de Literaturas y Sociopoética Universidad Blaise Pascal.Arte de volar de su padre a la ala rota de su madreAntonio Altarriba se define como ′′ hijo de un anarquista y una monja “.4 de mayo de 2001Todo comienza con el ′′ vuelo ′′ del padre que se tira del cuarto piso de su asilo de ancianos. Este dramático evento llevará a su hijo a rastrear su vida en el arte de volar con sus propios recuerdos y de las pocas 200 páginas ennegrecidas en lo más profundo de su depresión que le dejó. Deseando transmitir valores, luchas y esperanzas decepcionadas para el padre, deseo de rehabilitación para el hijo, sus voces se mezclarán desde las primeras páginas, el hijo se apoderó del ′′ yo ′′ del padre para declinar en más de 200 tablas el destino de este padre a través de cuatro capítulos de longitud desigual, desde su juventud en esta España rural extremadamente ruda hasta su final de vida, azotado por las desilusiones y comprometido en un asilo de ancianos del que ′′ volará ′′ en la edad de 90 años Entre ambos vivirá la caída de la monarquía, la segunda república, la guerra civil junto a los republicanos, la dictadura de Franco, el exilio en Francia donde será internado en el campamento de Saint-Ciprien en la segunda guerra mundial antes de Escapar y unirse a la resistencia y luego, ideales en berna, el regreso a esta España franquista y su vida ′′ fila ′′ de padre de familia. El relato, además de algunos pasajes metafóricos y oníricos, está puntuado con pequeños toques de ligereza e incluso de humor notablemente destacado por el dibujo.Consciente después de la observación de una lectora de que en esta biografía dedicada a su padre, es muy poco hablar de su madre y que además no se presenta en su mejor día, el autor decidirá, por lo tanto, remediarlo en el ala roto que retomará la misma estructura que el anterior opus, es decir, después de la muerte en preámbulo, el relato de su vida que se extenderá en cuatro capítulos que corresponden a los cuatro hombres-y por ellos a los cuatro lugares-que han ritmo su existencia : Damián (su padre) Juan Bautista (el General Sánchez González, capitán general de Aragón y luego de Cataluña en quien fue ama de llaves durante 8 años), Antonio (Sr y Jr, sus maridos e hijos) y Emilio. Cabe destacar que Petra, muy discreta nunca hablaba por sí misma. Por lo tanto, teniendo poca información, el hijo ha ficcionalizado su vida a partir de los testimonios de familiares y extrapolando desde el contexto histórico de la época, lo que le da la oportunidad de explorar y exponer un pan desconocido de la historia Historia española, la resistencia interna a Franco y la represión a través del destino del gobernador militar Sánchez González, monárquico opuesto al régimen. Pero el ala rota es, ante todo, un hermoso retrato de mujer y a través de ella, el de la condición femenina en esta España rural atrasada, bigote donde hombres y religión gobernaban como maestros. Comenzó bien mal en la vida, la pequeña Petra: violentada desde su nacimiento por su padre que le dejará este ala rota (discapacidad que por increíble que sea, esconderá a su marido e hijo y que solo tendrán conocimiento su muerte), rechazada por ese mismo padre violento antes de convertirse en su sirviente, pasará de ser hija al servicio de su padre, a la de esposa al servicio de su marido y luego madre al servicio de su familia antes de la separación del pareja que la llevará a un geriátrico religioso donde seguirá siendo útil y donde un hermoso encuentro le traerá algo de paz y serenidad. Impresionante oda a la valentía y dignidad de esta mujer que a pesar de la dureza de las adversidades pasadas nunca ha bajado los brazos y siempre ha demostrado una gran fuerza de carácter.′′ Ella no soñaba con grandes volantes ni con surcar el cielo de parte a parte como mi padre. Más modestamente, con su ala rota, se limitó a saltar de rama en rama. Tal vez ella llegó más lejos ′′El arte de contar de Altarriba y el arte de ilustrar de KimNacido en 1952 en Zaragoza, este profesor de literatura francés de la Universidad del País Vasco es también escritor, crítico y guionista de cómics. Le debemos, con Keko al pincel, la fabulosa trilogía del ′′ Yo “, pura ficción que no es menos una crítica de la sociedad española: Yo, asesino (2014) con marco artístico, yo, Loco (2018) el medio farmacéutico y yo, mentiroso la esfera política, último opus publicado al mismo tiempo que la epopeya española.Para ilustrar el arte de volar, apeló al Barcelonés Joaquim Aubert i Puig-Arnau, más conocido como Kim. Gran amante del underground estadounidense, cofundador en 1977 de la revista gráfica satírica El Juéves (El jueves), Kim es el creador del personaje caricatural de Martínez El Facha (Martínez, el facha) nostálgico del Franquismo cuyas aventuras serán no Solo publicadas en el semanario pero darán a luz más de álbumes. El cambio de universo no le impidió adherirse inmediatamente al proyecto de Antonio Altarriba, adaptar su propio rasgo a este estilo de narración y usar procesos gráficos que recogerá en un sueño por cierto, álbum realizado en solitario en 2019 en las Ediciones del Long Bec en las que contará su propia juventud como trabajador español emigrado a Alemania de los 60.Utilizando una camaieu de gris texturados, su rasgo semirealista ilustra con sobriedad y extrema precisión los diferentes espacios atravesados y da cuenta del enorme trabajo de documentación iconográfica realizado en el precipitado. Sin embargo, este realismo a veces cede al onirismo, dando ritmo al relato. Los personajes son muy expresivos, a veces al límite de la caricatura. Los encubrimientos y cortes son discretos, eficaces y están completamente al servicio de la narración.La epopeya española, mural magistral relatando las horas más oscuras de España, hermoso homenaje a la valentía y dignidad de la gente pequeña es, al igual que Maus d ‘ Art Spiegelman, uno de los clásicos modernos del cómic mundial que Cada uno debe poseer en su bedeteca.